Ce n’était pas de la joie ou du bonheur, mais ce n’était pas non plus de la tristesse ou de la déception. Il y avait des matins comme ceux-ci où vous avez l’impression que tout va de travers dans votre vite que vous jugez petite et misérable. Il y avait des matins comme ça où le soleil qui vous réveille le matin n’arrive même pas à vous faire sourire, et où votre entourage se demande quel est votre problème. Vous avez beau chercher une réponse, vous n’en trouvez pas. Tout simplement parce qu’il n’y en avait pas. Certains diront que tous vos problèmes vous assomment sans que vous vous en rendiez-compte, tandis que d’autres affirmeront qu’il y avait des matins comme ça, où vous avez le cafard sans raisons. Mais le pire dans tout ça, c’est de se dire qu’on va devoir supporter ça toute la journée. Une journée ensoleillée vous parait bien sombre, votre café du matin que vous chérissez vous paraitra trop ou pas assez corsé, votre plat favori vous paraitra fade, et vous vous sentirez bien seul. Puis, vous réaliserez à quel point le temps passe vite et que votre jeunesse est en train de s’échapper, puis, après avoir réalisé ça, vous retrouverez le sourire et la motivation nécessaire et votre vie pourra reprendre là où vous l’avez laissé.

Ce matin, Mathew était bloqué dans son lit, à regarder au plafond se demandant bien ce qu’il fichait encore dedans. Le soleil transperçait légèrement le store ce qui éclaira une petite partie de la chambre. Le fait était qu’il n’avait pas envie de se lever. Pourtant, il ne ressentait pas non plus le besoin de dormir. Il voulait juste rester là à rien faire, attendant le lendemain en espérant que ça ira mieux. Mais pris d’un courage surhumain, il daigna se lever pour marcher d’un pas lent et dépourvu de motivations vers sa cuisine qui n’avait pas été nettoyé depuis plusieurs jours. En voyant toute cette vaisselle dans l’évier et toutes les miettes qui s’étaient regroupés sur la table, il ne pût s’empêcher de soupirer. Il n’avait même pas la force nécessaire pour supporter toute cette saleté. D’habitude, ca ne le dérangeait pas plus que ça, mais ce matin, tout était plus moche que d’habitude. Finalement, il tourna les talons afin de retourner dans sa chambre, où il ouvrit les rideaux, laissant ainsi le soleil éclatant l’éblouir. Il ouvrit la fenêtre où il prit une grosse bouffée d’air frais avant de daigner sourire un peu. Il fit son lit et en profita pour faire un peu de rangement dans la pièce. Après ça, il se dirigea dans la salle de bain où il prit une bonne douche et où il se prépara convenablement.

Il ne savait même pas où il avait trouvé la force nécessaire pour mettre ses deux pieds à l’extérieur. Une force nécessaire pour fuir un quotidien trop déprimant sans doute. Là, Mathew se dirigeait, il ne savait pas trop où. Sans doute à la recherche d’une occupation, pour s’éviter de sombrer dans une dépression provisoire. C’est alors qu’il passa devant le Café des artistes et où il se dit qu’un petit café lui ferait sans doute du bien. Il était parti de chez lui sans même avoir pris le temps de déjeuner. Il se dirigea vers l’endroit en trainant des pieds, puis, voyant la queue qui persistait devant le comptoir, il soupira et se résigna à s’installer à une table, attendant que la queue se raccourcisse en plongeant sa tête dans ses mains.

« Salut beau goss! Serais-tu cap de doubler la queue pour aller nous chercher deux café? » La voix de la jeune femme venait de perturber Mathew dans sa séance de broyage de noir. Il prit un léger temps de réflexion avant de se rendre compte de qui venait de lui adresser la parole. Levant la tête, il esquissa un léger sourire avant de saluer la blondinette. « Bonjour » Un défi ? Ouais, il n’avait pas tellement la tête à ça aujourd’hui, mais, il se leva quand même et se dirigea vers la première personne de la file. « Excusez-moi monsieur, je suis vraiment pressé et ma machine à café est tombée en panne, je peux passer devant vous ? » Il avait bien pris soin de prendre un air fatigué et pressé, pour convaincre le bonhomme. Gentiment, la personne accepta et Mathew le remercia d’un sourire avant de se placer devant lui. « Deux cafés s’il vous plait ! » Pendant que la serveuse le servait, il avait sorti l’argent et l’avait posé sur les comptoirs, l’échangeant ainsi avec les deux gobelets. Ce n’est qu’après qu’il se rendit compte qu’il venait de payer la boisson de Sixteen. « Tu me dois 5 dollars ! » dit-il en se rasseyant et en posant les deux cafés devant lui. « Non je plaisante. » rajouta-t-il en même temps qu’un sourire.