26 Septembre 2009, BH.

Assise dans un canapé en cuir noir, en face d'une femme qui devait avoir environ trente ans, j'essayais de me rappeler le pourquoi de cette visite. La petite salle était composée de deux petits canapés l'un en face de l'autre, d'un bureau, d'une étagère remplie de livre et autres babioles et d'un porte-manteau. Plus je regardais mon entourage, plus je commençais à stresser. Que faisais-je ici, dans un cabinet de psychologue, alors que je n'avais à peine dix-huit ans ?

" Alors pour commencer, vous pouvez me faire une petite présentation rapide de vous-même.

" Je m'appelle Aimee Ronnie O'Connor, j'ai dix-huit ans et je suis née en Australie. J'ai toujours vécu là-bas, à Sydney. Mon enfance a été des plus merveilleuse. J'avais des parents aimants et complices, et deux grands frères exceptionnels, qui prenaient soin de moi. Parfois ils me protégeaient trop et c'était étouffant à force, mais pour rien au monde je les échangerais. Je les aime comme ils sont. Cela fait quelques jours que je suis à Beverley Hills, je me suis installée dans un petit appartement et j'ai touvé un travail en tant que serveuse au Starbuck's pour payer mes études. D'ailleurs en parlant de ça, je vais commencer mes études de journalisme à l'UCLA."

Je n'aimais pas particulièrement raconter ma vie, pas qu'elle n'était pas intéressante, mais parce que, même si j'avais du mal à l'admettre, elle n'était pas du tout exemplaire. J'étais une grande fêtarde, et je le suis toujours, ma scolarité passait toujours en dernier, j'étais plus intéressée par les garçons, les fêtes et toutes ces conneries du genre l'alcool, la drogue et les cigarettes. Je n'étais peut-être pas une junkie, mais j'avais déjà tout testé alors que je n'avais même pas atteint mes seize ans. La jeunesse d'aujourd'hui ...

" Très bien. Et qu'est-ce qui vous amène ici ? Une raison particulière ou seulement une obligation par vos proches ? "

" Eh bien c'est un peu des deux .. Seulement je ne sais pas par où commencer. C'est très long. Disons, pour être plus rapide, que je n'étais pas une petite fille modèle, loin de là, et que lorsque j'ai eu dix-sept ans, j'avais rencontré ce jeune homme magnifique, adorable, attentionné. Oui les apparences sont trompeuses. On s'aimait vraiment, du moins de mon côté c'était le cas. Cela faisait un an qu'on était ensemble quand j'ai appris que j'étais enceinte .. A dix-sept ans, être enceinte n'est pas forcément ce que l'on attendait. J'étais paniquée, stressée et lorsqu'il l'a appris, il est partit. Il m'a laissé me débrouiller, il s'est enfuit comme un lâche. Comment vous dire la douleur que j'ai ressentit au moment-même où il m'a dit qu'il ne pouvait pas assumer cet enfant car cela gacherait sa vie ? J'ai dû continuer toute seule, heureusement pour moi, ma famille ne m'a pas laissée tomber. La pente a été dure à remonter, notamment que j'avais un enfant pour me rappeler encore et encore notre histoire d'amour. Mais ça allait mieux, j'avais du soutient près de moi et cela m'aidait énormément. Malheureusement un soir, en rentrant chez moi, je me suis fais renverser par un ivrogne au volant. Plusieurs hémoragies, un coma de trois jours, la perte de mon bébé .. Je crois qu'au fond, je n'ai jamais réussi à m'en remettre. Cela fait exactement quatre mois et dix jours que s'est arrivé, et je m'en veux toujours autant. J'ai perdu la seule chose qui me restait de notre amour .. C'est aussi pour cela que je suis venue à BH, dans l'espoir de tourner la page et de continuer ma vie. Je sais que physiquement, je parais comme la jeune femme qui n'a aucun problème, qui est sur d'elle et ce n'est pas faux. Mais je crois, et j'en suis sur même, qu'au fond de chaque personne, qu'importe qu'elle soit forte, courageuse ou lâche, se cache une grande partie qui a peur de l'avenir, comme un petit enfant. C'est mon cas. "

Les larmes aux yeux, j'essayais du mieux que je pouvais de les empêcher de rouler sur mes joues. Je n'aimais pas me monter vulnérable et triste, j'étais une jeune femme forte et je voulais le crier au monde entier. La perte de mon bébé et de l'homme que j'aimais m'a endurci plus que jamais. Maintenant c'est pour cela que je collectionne les aventures d'un soir, que je fais la fête encore plus, que je profite à fond. On ne sait jamais ce qui peut arriver au prochain tournant.

" Je comprends votre douleur .. C'est pas facile à vivre mais cela va vous aider à continuer. Cela va vous rendre plus forte, et c'est déjà le cas. Sinon, qu'avez-vous prévu pour votre avenir ? Où et comment vous voyez-vous dans deux ans ? "

" Dans deux ans ... Je me vois en deuxième année de journalisme à l'UCLA. Toujours serveuse au Starbuck's pour payer mes études et toujours célibataire, enchainant encore et encore les aventures sans lendemain. Je n'aime pas les relations sérieuses. Je me vois aussi encore très proche des mes amis et de ma famille, ceux qui sont là depuis le début et qui le seront jusqu'à la fin."

26 Septembre 2011, BH.

Aujourd'hui, je repense parfois encore à cet entretient avec cette psychologue, aux paroles que je lui ai dis, à mon histoire que je lui ai raconté. J'avais vu juste, j'étais en deuxième année de journalisme à l'UCLA, serveuse au Starbuck's, célibataire, aussi proche de ma famille et de mes amis. Mais ce que j'avais oublié de dire, c'était qu'avec le temps, la douleur s'en allait. Mon sourire était de plus en plus sincère, ma joie de vivre ne partait pas. J'étais redevenue la Aimee d'avant cette petite amourette, et c'est ça qui fait du bien.