Ce qui empêche les gens de vivre ensemble, c’est pas leurs différences, c’est leur connerie.

« Aimee, t'as pas vu ma cravate ? »

Les matins se suivaient et se ressemblaient dans la villa du 231 Burton Way. Ou presque. Depuis mon arrivée à Beverly Hills il y a maintenant presque deux ans, et mon emménagement avec Aimee dans cette jolie petite villa, il n'y avait jamaiseu un matin de cours sans que je ne cherche mes chaussures ou ma cravate ou sans qu'elle peste contre ses cheveux trop indisciplinés à son goût. Mais avec l'habitude, c'était presque devenu normal pour tout le monde au final. On en riait plus qu'autre chose et on arrêtait de nous plaindre pour mieux manger nos céréales pleines de lait.

Je devais l'avouer, j'avais eu un peu peur le jour de ma première rentrée en tant que professeur dans cette université, quand j'avais découvert que ma toute nouvelle colocataire était en fait élève ici. Je m'étais d'abord demandé si c'était bien raisonnable, ou vraiment éthique, avant de conclure que tant que nous ne dormions pas dans la même chambre, personne ne pouvait nous accuser de quoi que ce soit. A vrai dire, la seule fois en deux ans où nous avions dormi dans la même pièce, c'était quand le chauffage de la chambre d'Aimee avait lâché. Ce jour-là, je lui avais gracieusement prêté mon lit pendant que j'allais dormir sur le clic-clac. Je suis galant hein ? Et puis en plus, dormir ensemble aurait été pratiquement impossible : soit la jolie blonde désertait son lit pour aller dormir je ne sais où, soit la place était déjà occupée par plus grand et plus musclé que moi. Cela ne me dérangeait pas, je n'avais aucune vue sur ma jeune colocataire et le contraire était vrai aussi. A mon avis, c'était ce qui nous permettait de vivre ensemble sans problème. Enfin sans problème, c'était vite dit. Comme tous les gens qui vivent ensemble, il nous arrive régulièrement de nous prendre la tête à cause de linge sale qui traîne ou d'une vaisselle pas faite. Mais une engueulade, deux heures de j'te-fais-la-tête-et-je-t'adresse-plus-la-parole et c'était réglé en général. Quoique la plupart du temps, c'est Aimee qui lance les hostilités et les termine : je déteste les conflits et je ne suis pas très doué pour les résoudre, alors je la laisse s'en charger. De toute façon, je crois que c'est dans son caractère de savoir dire les choses sans hésitation, même lorsque cela peut blesser. Et même si moi je n'en suis pas capable, je trouve ça plutôt appréciable.

Ce matin-là, je n'étais pas en retard - je ne suis jamais en retard - mais je n'arrivais pas à mettre la main sur ma cravate bleue, ce qui était passablement agaçant. J'avais beau faire des allers-retours un peu partout dans la villa en fouillant un peu partout et en tentant de me rappeler où j'avais bien pu la mettre, impossible de la retrouver. Pendant ce temps, Aimee, assise dans le canapé avec son bol de céréales, en train de regarder les dessins animés. Au début, j'avais trouvé ce rituel un peu stupide et trop enfantin avant de m'y mettre aussi. Mais que le dimanche hein, en semaine je n'avais pas le temps. Comment pouvait-elle rester si calme alors que je ne trouvais pas ma cravate. Elle me grommela une réponse la bouche pleine et malgré mon énervement et mon stress du matin, je ne pus m'empêcher de sourire. Je n'avais strictement rien compris à ce qu'elle avait pu me dire.

« Je te remercie pour ton aide précieuse, tu m'aides beaucoup »

Je ris avant de lui piquer une céréale dans son bol, ce qui avait toujours le don de l'énerver et moi de me faire sourire. Il nous était parfois arrivé de faire de vraies courses poursuites à travers la villa à cause de ce genre de choses. Aimee me courant après pour me le faire payer. Evidemment, c'était toujours moi qui gagnait en m'enfermant dans la salle de bain, la laissant tambouriner à la porte. Ce matin, elle se contenta de soupirer en levant les yeux au ciel avant de rire à son tour.

| HJ : Bon, je trouve ça plutôt mauvais, dis moi si j'avais tu veux que je change quoi que ce soit :) |