just do it with love

Il y a des jours où il vaudrait mieux rester sous sa couette. Tout au fond de sa couette. Avoir eu une révélation pendant la nuit et se forcer à rester dans son lit afin de sauver sa vie, et son état lors de cette journée. Comme une sorte de détecteur qui nous indiquerai si c'est une bonne journée et si on peut se lever où non. Dans le cas de Cécilia, aujourd'hui était une très dure journée. Et bien sur, personne ne le lui a dit ce matin en ce levant. La jolie brune s'était donc levée en pensant que sa journée allait valoir le coup d'être vécue. Mouais, mauvais calcul. Déjà, avant même qu'elle mette le pied en dehors de sa chambre, elle se sentait déjà mal. Sa tête cognait et elle avait du mal à ne pas voir flou. En attrapant ses lunettes, la jolie brune trébucha et s'étala sur le sol de son couloir. Bien sur, comme si ce n'était pas déjà assez, sa soeur jumelle a débarqué avec son mec, enfin peut-être, et s'est bien fichu de sa tête. Heureusement, ses lunettes n'avaient rien. Ensuite, le bus qui devait passer à 10 est passé à 09, ce qui fait qu'elle l'a raté. Obligé de se faire accompagner par toujours la même jumelle et un autre mec qui partait en mini cooper. Normal dans les rues de Los Angeles, normal. Cécilia avait toujours du mal à s'y faire, même si dans Milan il y avait beaucoup de belles voitures, elle préférait quand même les petites voitures discrètes type voitures française. Mais non, sa soeur à elle, aimait bien trop le luxe et prenait un malin plaisir à utiliser les gens pour ça. Et enfin, l'arrivée en cours avec l'annonce de deux contrôles pour le lendemain, et une prof absente .. ce qui aurait pu la faire dormir deux heures de plus et donc éviter tous les incidents matinaux. Bref, c'était une journée de merde et la seule chose qui la faisait encore sourire, c'était l'idée d'aller en option cinéma l'après-midi même. C'était un peu son échappatoire, le cours où elle était la reine et où elle pouvait enfin faire ce qu'elle voulait. Comme si pendant un moment, on arrêtait de la prendre pour qui elle était mais pour quelqu'un de nouveau, quelqu'un que personne ne connait. Oh et puis, bien sur, le professeur est ... a un sourire qui ne rend pas indifférente la jolie brune. Pas que son sourire mais bon, surtout son sourire. C'est donc après avoir avaler une salade et avoir relu deux trois cours pour ses contrôles qu'elle se rendit devant le cinéma universitaire où le beau professeur Davis donnait son cours. Enfin, lui donnait son cours à elle. Cécilia s'était toujours dit qu'il ne faisait ça que pour elle, mais en fait, elle n'en savait rien mais il lui avait demandé de venir faire un cours particulier. Ce n'était peut-être rien mais la jolie italienne avait encore plus que trac que si elle passait une audition pour transformers. Lorsqu'elle avançait, ses cahiers collés contre sa poitrine, elle sentait son coeur faire des bons. Elle allait se retrouver toute seule avec ce .. sourire. Elle n'avait aucune idée de comment ça allait se passer et surtout de comment elle allait réagir. C'était le trac, le suspense .. Poussant la porte, elle prit une grande inspiration et découvrit le cinéma plongé dans le noir et .. vide. Du moins, il semblait vide. De sa voix d'italienne, elle essaya d'articuler, en oubliant sa boule au ventre. « Bonjouuur ? Monsieur ? Vous êtes là ? »

just do it with love

« Je suis là, oui. » Cécilia vit son professeur arriver en trombe dans le cinéma. Souriant, la jolie brune se demandait bien pourquoi il était pressé. Il devait être en retard et s'était dépêcher pour être à l'heure. Cécilia le voyait déjà en train de dormir et de se faire réveiller par son réveil. Tout en stresse. Elle se mit à rire un petit peu, tout en étant discrète et s'est approché de l'écran, alors que lui même descendait de l'autre côté. Sur le coup, elle pensa à Quinn et Sam chantant dans Glee. Vieux Cliché ! « Vous devez être surprise d'être seule ici non ? A vrai dire, je ne vais pas vous faire un cours, je voulais seulement votre avis sur l'un de mes travaux personnels. Et vous êtes à mon avis, la mieux placée ici pour m'aider. » Sur le coup, la jolie brune ne savait pas à se mettre. Il l'avait appelé elle, pour regarder un de ces films. Woah, elle était touchée et carrément sur les fesses. Machinalement, elle se pointa pour être sur qu'il parlait bien d'elle - même si c'était impossible qu'il parle de quelqu'un d'autre. Ne sachant quoi dire, elle s'asseya où son professeur lui indiqua et prononça des mots timides. « Je suis surprise oui, mais agréablement. » Très vite, la jolie italienne devint rouge comme une tomate. Comment vous seriez vous, si votre professeur vous invitait à une séance privée et avait sa main à trente centimètre de la votre. L'intérieur de Cécilia brulait. Si elle était dans un de ces films à elle, ceux qu'elle se fait dans sa tête, cela ferait un bail qu'elle l'embrasserait. Mais là, on était dans la vraie vie et c'était tout à fait différent. Le film qu'il présentait, était un clip. Au début, Cécilia était perdue mais elle comprit vite et reconnu la chanson. Le clip n'était pas encore sortit mais elle avait l'impression de l'avoir déjà vu, comme s'il était prédestiné à être avec. Cependant, la jolie brune perdit très vite le fil du clip. Elle fixait l'écran mais tout son cerveau était concentré sur la main de son voisin, posé si près de la sienne qu'elle la toucherai avec son petit doigt. C'était .. tellement troublant qu'elle ne vit même pas passer les 4 minutes du clip et fut surprise de voir les lumières se rallumer. « Alors ... Qu'en pensez-vous ? » Toujours surprise, Cécilia essaya de ne pas trop faire durer le suspense et de parler assez vite, elle avait enlever sa main par réflexe et avait serré ses épaules dans son cou. « J'aime beaucoup la chanson, et j'aime aussi le fait d'avoir garder la simplicité de la jeune fille. C'est pas trop sombre .. J'aime bien les clips avec des histoires, quand y'a un mec .. un garçon qui se bat pour la fille .. Mais cette chanson est trop belle pour une histoire de ce type. Non, franchement, j'aime bien. » Après avoir parlé, la jolie fille se trouva très ridicule. Sa critique n'était pas construite du tout et ne voulait rien dire. Alors .. que faire ? Rester là à rougir .. Non, plutôt essayer de lancer un autre sujet, pour .. couvrir et meubler la gène de la situation. « Et euh .. vous en faîtes beaucoup des clips de ce type ? » Cécilia souriait, évitant quand même le regard de son professeur, qu'elle trouvait très sexy, d'un coup. Trop, d'ailleurs.

All you need is love.

J'avais hâte de connaître l'avis de la jeune femme sur mon travail. Son opinion comptait beaucoup pour moi lors de nos réunions de travail pour l'option, et cette fois, cela concernait l'une de mes réalisations personnelles, j'étais donc encore plus impatient. Cécilia retira sa main de l'accoudoir qui se trouvait entre nous deux. Est-ce que je lui faisais peur ? J'espérais bien que non, loin de moi mon intention en lui demandant de venir cet après-midi ... Peut-être avais-je déjà pris trop de liberté avec elle malgré mes précautions et ma retenue ? Je m'en voulais déjà un peu. Cécilia finit par me donner son avis sur mon travail.

« J'aime beaucoup la chanson, et j'aime aussi le fait d'avoir garder la simplicité de la jeune fille. C'est pas trop sombre .. J'aime bien les clips avec des histoires, quand y'a un mec .. un garçon qui se bat pour la fille .. Mais cette chanson est trop belle pour une histoire de ce type. Non, franchement, j'aime bien. »

Je la regardais en souriant. C'était pas du tout construit comme commentaire, et pas très professionnel mais ça lui était sorti comme ça, spontanément du fond du coeur et j'avais trouvé cela totalement adorable. Non, ce n'était pas adorable. Enfin, je ne pouvais pas trouver cela adorable, elle restait mon élève. Merde. Ton élève Gaby, ton élève. Elle avait beau me troubler, elle n'était rien de plus. Et elle ne devait jamais rien être de plus. Je devais réussi à m'ancrer ça dans le crâne. Et définitivement, sinon je sonnais ma perte. Cécilia avait beau être jolie, charmante, intelligente, tout ce que l'on voulait, elle restait un fruit défendu. Et puis de toute façon, ce n'était pas mon genre de flirter. Je préférais de loin les histoires sérieuses et je savais par expérience que les filles de son âge préféraient volontiers batifoler encore un peu. La jeune femme baissa les yeux. Ce fut elle qui rompit le silence.

« Et euh .. vous en faîtes beaucoup des clips de ce type ? »

Elle sourit, mais elle semblait vraiment gênée. Je regrettais déjà de lui avoir demandé de venir. Elle ne devait pas se sentir à sa place, elle devait se demander pourquoi je l'avais convoquée elle et pas une autre ... J'aurais très bien pu demandé l'avis d'un autre professeur après tout, ou pourquoi pas celui de Christie ou Leighton, elles auraient pu faire de très bonnes critiques elles aussi. Je ne savais vraiment pas ce qui m'était passé par la tête en envoyant ce mail. Je lui souris en me grattant l'arrière du crâne. Du coup, j'étais mal à l'aise aussi maintenant. Je ris légèrement. Elle semblait avoir pris la première question qui lui passait par la tête, comme pour fuir le silence et la gêne qui s'étaient installés entre nous. Heureusement qu'elle était là, je n'étais vraiment pas doué pour cela. Etant plutôt du genre timide, j'avais parfois du mal à faire la conversation avec des personnes que je ne connaissais peu ou pas. Cela ne faisait malheureusement pas parti de mes talents. Je regardais l'écran face à nous quelques secondes, pour éviter de croiser son regard et pour éviter d'être troublé encore une fois.

« Des clips ou d'autres réalisations en tout genre oui, assez régulièrement. J'aimerais vraiment percer ici dans le cinéma, je ne compte pas rester professeur toute ma vie. Donc j'essaie de me montrer au maximum, même si c'est assez difficile pour moi. »

Avec mon caractère plutôt timide, j'avais vraiment du mal à me mettre en avant pour montrer mes qualités et mon travail aux autres. C'était peut-être ce qui m'avait toujours manqué pour réussir. Et les occasions aussi. Mais bon, je ne pouvais m'en prendre qu'à moi même après tout. Je me rendis soudain compte de la bêtise que je venais juste de dire et m'empressais de rectifier le tire auprès de ma charmante élève.

« Non pas qu'enseigner me déplaise, bien au contraire, j'adore ça, et j'adore toutes mes classes et tous mes élèves ! Sans exception. »

Je terminais avec un petit sourire hésitant. Je ne savais plus comment me comporter elle. Je ne voulais paraître ni trop "proche", ni trop distant, ce qui pourrait également être perçu comme un signe de méchanceté ... Non, je devrais juste être "normal". Mais plus facile à dire qu'à faire face à une jeune femme comme Cécilia. J'essayais de continuer la conversation afin qu'un blanc ne s'installe pas entre nous.

« Vous ... Est-ce que vous appréciez mes cours ? Cela correspond-t-il à ce que vous recherchiez ? »

just do it with love

« Des clips ou d'autres réalisations en tout genre oui, assez régulièrement. J'aimerais vraiment percer ici dans le cinéma, je ne compte pas rester professeur toute ma vie. Donc j'essaie de me montrer au maximum, même si c'est assez difficile pour moi. » Cécilia comprenait complètement son point de vue. Ce n'était pas vraiment une vraie carrière d'être professeur. Certes, enseigner, c'était passionnant et vraiment utile mais souvent, ce n'était là que pour avoir des sous en attendant de réaliser son rêve. Et dans le cas de son professeur, Cécilia comprenait qu'il se donne à fond pour aller au bout de son rêve. Elle, de son côté, avait toujours rêver d'être quelqu'un de connu, pour n'importe quoi à vrai dire. Elle s'était donc dit, pourquoi pas le cinéma ..? Mais lorsqu'elle est arrivée à Los Angeles, elle a très vite compris qu'il était très important d'avoir un vrai métier et un vrai avenir si on voulait gagner assez d'argent pour avoir une villa à Summit Drive. Et surtout, pour vivre seule. Sans sa soeur et sous aucune tutelle parentale. C'était ce qu'elle voulait et la raison première des études de vétérinaire. Elle aimait les animaux mais elle aimait encore plus sa liberté. Donc, pas question de passer à côté. « Non pas qu'enseigner me déplaise, bien au contraire, j'adore ça, et j'adore toutes mes classes et tous mes élèves ! Sans exception. » Ce fut comme s'il avait lu dans ses pensées, elle se mit donc à rougir. Toujours assise à côté de lui, c'était une situation vraiment étrange et la jolie brune n'était pas très à l'aise. Elle aurait déjà pris ses jambes à son coup depuis longtemps si elle ne se sentait pas comme subjuguer par cet homme. Il était là, à lui montrer ses films. Ils étaient là, tous les deux. Juste là, dans une immense salle de cinéma. C'était juste, irréel. C'était fou. Ne sachant que répondre, elle attendit qu'il prenne la parole une fois de plus. « Vous ... Est-ce que vous appréciez mes cours ? Cela correspond-t-il à ce que vous recherchiez ? » Cécilia leva la tête vers lui et croisa son regard, elle essayait tant bien que mal d'être à l'aise mais c'était impossible. Sa main tremblait et elle avait l'impression qu'elle allait exploser tellement son coeur battait fort. C'était de la folie et elle n'en pouvait plus, pourtant, elle ne quittait pas son siège. Elle était sous le charme. Et sans même pense que c'était son professeur, elle s'imagina l'embrasser. Juste là, pendant quelques secondes. Son regard se posa sur les lèvres du beau brun et, en se ressaisissant, la jolie brune se remit en place sur le siège. Ouh, il allait être dur de rester concentrée pendant longtemps .. « Oui, j'aime beaucoup. Disons que je ne suis pas difficile. Je suis venue ici pour devenir célèbre, un rêve de gamine. Mais je me suis très vite dit que c'était ridicule. Je suis le cours parce que j'avais aimé depuis le début, mais ce n'est plus très utile pour moi maintenant .. enfin, je crois. » Cécilia haussait les épaules. C'était un rêve mort, alors à quoi bon mentir. Elle était au cours parce qu'elle y voyait Serena et que les cours lui plaisait. Maintenant, elle irait parce que le professeur lui plaisait mais ça, c'était une autre histoire et une raison qu'elle ne pouvait pas se permettre d'évoquer. « Vous avez d'autres choses à me montrer ? » Cécilia souriait, il fallait qu'elle gagne du temps pour rester avec lui, après tout, ils n'étaient que tous les deux alors .. ils avaient toutes la soirée pour ... faire connaissance !

All you need is love.

Cécilia releva les yeux vers moi, mais elle sembla toujours un peu ailleurs, sans que je sache exactement où. J'aurais aimé savoir, afin de la suivre, mais malgré ses beaux yeux, je n'arrivais pas à savoir à quoi elle pouvait bien penser. A un garçon ? Peut-être bien. Cécilia était une jeune femme jolie et absolument charmante, il semblait évidemment qu'elle devait plaire à beaucoup de garçons sur le campus. Je me demandais si elle avait un petit ami. Peut-être bien que oui, peut-être bien que non. A l'université et surtout à Beverly Hills, les relations se faisaient et se défaisaient constamment au rythme des jours et des nuits. Je me demandais également quel genre de garçons avait sa préférence. Etait-ce les footballeurs carrés, obnubilés par leurs muscles et les résultats de leurs derniers matchs ? Ou bien les scientifiques, émerveillés devant une éprouvette qui bouillonne et des souris vertes ? Ou peut-être encore les littéraires récitant Shakspeare et Austen à la demande ? Pour ma part, je ne retrais totalement dans aucune de ses catégories. Lui aurais-je plus si j'avais été un élève de son âge ? C'était une question à laquelle je n'avais pas de réponse et surtout une réponse que je devais arrêter de me poser si je voulais concerner un minimum de santé mentale. Je savais que je n'avais aucune chance avec ma jeune élève, et c'était très bien comme ça. Elle répondit ensuite à ma question sur mes cours. Les trouvait-elle à son goût ?

« Oui, j'aime beaucoup. Disons que je ne suis pas difficile. Je suis venue ici pour devenir célèbre, un rêve de gamine. Mais je me suis très vite dit que c'était ridicule. Je suis le cours parce que j'avais aimé depuis le début, mais ce n'est plus très utile pour moi maintenant .. enfin, je crois. »

La célébrité ... On en avait tous rêvé un jour ou l'autre je crois. On rêvait d'être acteur, chanteur, mannequin. Pour ma part, je rêvais encore un peu. Je voulais être connu et reconnu par ceux de ma profession, devenir un réalisateur et un scénariste avec une petite notoriété. J'imaginais volontiers Cécilia, un micro à la main ou devant une caméra. Oui, j'étais sur qu'elle pourrait faire une très bonne actrice avec son beau sourire et ses dents blanches, ses petits fossettes et ses longs cheveux bruns. Je devais absolument arrêter de la fixer comme ça, elle allait finir par me prendre pour un dérangé si je continuais comme celà. Son commentaire me faisait très plaisir : ce que j'avais souhaité avec cette option, c'était que des gens qui ne destinaient pas leur vie au cinéma aient la possibilité de développer leur culture et leur esprit critique à l'égard du grand écran. Si je pouvais être utile à la jeune femme, ou là rendre heureuse à travers mes cours, j'étais on ne peut plus heureux. Cécilia reprit la parole, en souriant un peu plus. Ce sourire ... Que je devais absolument arrêté de fixer comme un mort de faim si je ne voulais pas qu'elle quitte la salle en courant.

« Vous avez d'autres choses à me montrer ? »

Son petit accent italien me faisait chavirer à tous les coups. En l'écoutant, je pouvais voir devant mes yeux les gondoles de Venise, le Colisée de Rome ou les champs de citronniers siciliens. Une fois mes contemplations et reflexions terminées - à peine une seconde, je ne voulais pas laisser un trop long silence entre nous -, je la regardais avec un franc sourire. Je ne pensais pas qu'elle allait me poser cette question, et j'avais malheureusement laissé mes autres DVD à la villa.

« Ici non, mais c'est avec plaisir que je vous convierai à une autre séance très très privée ! », dis-je en riant.

La jeune femme rit légèrement aussi. La simple idée de passer encore un peu plus de temps seul à seul avec elle ma réjouissait amplement. Et puis le fait qu'elle m'accorde un peu plus de son temps me faisait également très plaisir. Peu à peu, nous arrivions à relever les yeux l'un vers l'autre et régulièrement, nos regards se croisaient. Ces instants précis m'électrisaient. Ses yeux plongés dans les miens, et j'avais la sensation d'être ailleurs déjà. Mais je devais sortir de ma contemplation et revenir à nos moutons. Je décidais de partir sur un sujet un peu plus léger, afin d'essayer de mieux la connaître.

« Vous n'avez rien à faire de votre soirée ? »

Ma question pouvait la surprendre. Je ne voulais pas la mettre dehors loin de là. D'ailleurs, si j'avais pu la garder le plus longtemps possible près de moi, j'aurais signé immédiatement, c'était certain. Non, je m'étonnais seulement qu'elle reste ici avec moi, maintenant que la projection était terminée.

« Vous n'avez pas un petit ami à voir, ou des amies à qui raconter que votre pauvre professeur de cinéma fait des massacres avec une caméra ? »

Vous l'aurez compris, habile (ou pas tant que ça) manière de lui demander implicitement si elle avait un petit copain. Je n'avais jamais été très doué pour demander les choses de façon implicite, je doutais qu'elle tombe vraiment dans le panneau.

just do it with love

« Ici non, mais c'est avec plaisir que je vous convierai à une autre séance très très privée ! » ah flûte ! Cécilia haussa les épaules et fit la moue .. Elle était déçue de ne pas passer plus de temps dans le noir avec lui .. Pour voir les films bien sur, elle se mit à rire intérieurement de ses pensées, elle racontait n'importe quoi et soudain, elle fut prise d'une peur qu'il entende ce qu'elle pense - chose, bien sur, complètement impossible. Bref, là, ça devenait grave, elle était en train de devenir folle. Quelle idée aussi de passer du temps avec un professeur qui pourrait être son grand frère .. Impossible d'aller raconter ça en plus, on va tout de suite se dire qu'elle est allée faire des trucs dans le cinéma. Et ça, si jamais ça doit arriver, elle veut que ça soit vrai si on en parle. Cécilia ne voulait pas entendre cette rumeur sans l'avoir vécut avant. Quel dommage sinon .. vraiment. Une fois plus, Cécilia se mit à sourire intérieurement, ce qu'il se passait dans sa tête, c'était de la folie ! « Vous n'avez rien à faire de votre soirée ? Vous n'avez pas un petit ami à voir, ou des amies à qui raconter que votre pauvre professeur de cinéma fait des massacres avec une caméra ? » Cécilia tourna son regard vers lui, et une fois de plus, elle croisa son regard. Ce qu'il était sexy à l'éviter toujours. Remarque, elle faisait pareil. Mais lui, il devait sûrement la trouver bien idiote .. de toute façon, après ce qu'elle avait vécut, il était hors de question qu'elle se retrouve une nouvelle fois dans cette histoire de sentiment. Non, non et encore non. Cécilia s'était fait trompé par son dernier copain. Elle l'aimait, comme une folle. Et pourtant, il avait quand même eu le culot de la tromper .. et pas qu'une fois. Alors jamais, jamais elle retournerait là dedans. Son coeur était fermé et elle savait que c'était pour un bon bout de temps. A cette pensée, des larmes lui montèrent aux yeux, elle détestait y penser. Il lui manquait encore beaucoup et c'était dur de savoir qu'il pouvait être avec n'importe quelle pouf. C'est alors que, en regardant une nouvelle fois son professeur, Cécilia se mit à sourire. Elle n'avait pas pensé à lui depuis qu'elle était arrivée il y a une vingtaines de minutes. Non, elle était bien. Il était parti de ses pensées et c'était d'ailleurs son professeur qui avait pris sa place. Alors, machinalement, elle se mit à sourire, cette fois, vraiment et répondit avec entrain. « Non, je suis très bien ici. » c'était vrai, là, il n'y avait aucun autre endroit où elle voudrait être, en plus, il n'était pas encore très tard et elle savait bien que ses amies étaient encore à l'entrainement ou alors, elles étaient en train de trainer au centre commerciale et ça, très peu pour elle, Cécilia déteste le monde et préfère commander sur internet. D'ailleurs, elle avait un achat privé ce soir ! « Et vous ne faîtes pas des massacres ! Vous n'êtes pas non plus un 'pauvre professeur'. » Ah non, il ne faut jamais se dévaloriser, c'est tue-l'amouuuuuuur. Cécilia se remit à rire et lui retourna une question. « Et vous d'ailleurs ? Vous n'avez pas quelque chose de plus intéressant à faire que d'être avec une .. sublime élève dans un cinéma sans personne ? » C'était sorti tout seul. Cécilia devint alors toute rouge et puis .. après tout, fallait bien se lancer !

All you need is love.

Nos regards se croisaient et se recroisaient. A force de regarder ses yeux, j'aurais pu les décrire les yeux fermés à mon avis. La forme d'amande, les longs cils noirs étirés à coup de mascara, et puis l'iris verte, mais qui tire un peu sur le gris par endroit. Des yeux magnifiques en vérité, si l'on voulait résumer. Un peu comme ceux de Vivien Leigh, la fantastique Scarlett O'Hara d'Autent en emporte le vent, en réalité. Elle sembla plutôt troublée par ma question. J'espérais ne pas avoir dit de bêtise, un truc de travers ou n'importe quoi. C'est vrai que j'abordais un sujet un peu sensible. C'était sa vie privée après tout, cela ne me concernait en rien. J'étais son professeur, rien de plus, et j'avais donc a priori aucune raison de lui poser ce genre de question. Mais voilà, son sourire me faisait craquer, son accent me faisait chavirer, et son rire me faisait fondre. Je n'y pouvais rien, ça me prenait de plein fouet. Et j'avais beau essayé de contrôler ce qui se passait dans ma tête, c'était plutôt compliqué. J'avais la sensation qu'il se passait un truc vraiment étrange. Je n'aurais su dire quoi, mais c'était assez bizarre. J'avais la sensation que Cécilia allait se mettre à pleurer mais dans la pénombre, c'était plutôt difficile à distinguer. Je m'en voulais déjà de lui avoir posé cette question. Même si je ne pouvais pas savoir que c'était un sujet à ne pas aborder, c'était par définition un sujet à ne pas aborder puisque Cécilia était mon élève et pas une copine à moi.

« Non, je suis très bien ici. »

Au moins, cela voulait dire qu'elle n'avais pas peur de moi et qu'elle voulait bien rester ici. Ca voulait aussi dire que je ne lui faisais pas peur et qu'elle ne me prenait pas pour un fou complet. Elle devait sans doute mettre la façon dont je la fixais sur le compte d'une déformation professionnelle ou d'un problème de vue. Je ne voyais pas d'autres solutions tellement j'étais étrange depuis qu'elle était arrivée.

« Et vous ne faîtes pas des massacres ! Vous n'êtes pas non plus un "pauvre professeur". »

Je souris. J'avais plutôt du mal à me mettre en avant, ce n'était pas vraiment mon genre. J'étais plutôt du genre observateur. Si on me demande mon avis, un conseil ou tout autre chose d'accord, mais sinon y avait peu de chance que je me permette de l'ouvrir ou de vanter mes qualités comme ça pour rien, sans qu'on me l'ait demander. En fait, j'étais vraiment pas sur de moi, surtout en ce qui concernait mon travail. Déjà à l'université, lorsque nous devions rendre des travaux, je bossais comme un malade, deux fois plus que tous les autres élèves, toujours en étant sûr que je n'allais pas m'en sortir. Alors que je finissais toujours avec une note bien supérieure au reste de la promotion. Cécilia enchaina :

« Et vous d'ailleurs ? Vous n'avez pas quelque chose de plus intéressant à faire que d'être avec une .. sublime élève dans un cinéma sans personne ? »

Cécilia rougit alors que je me mis à rire. Au moins, elle, elle n'avait pas froid aux yeux et elle osait dire les choses, je trouvais cela absolument remarquable, j'aurais adoré pouvoir en faire autant. Malheureusement, j'avais encore pas mal de boulot si je voulais réussir à en arriver au même moins qu'elle. Sa remarque eu au moins le bénéfice de me détendre un peu et d'être un peu moins gêné.

« Croyez-le ou non, mais non, je ne pourrais pas rêver mieux ! » , dis-je en souriant à pleines dents.

Contrairement à ce que je pouvais être capable de sortir d'habitude, c'était carrément du gros flirt là. Mais après réflexion, c'était totalement déplacé de dire cela à l'une de mes élèves. Je me demandais vraiment ce qui m'était passé par la tête encore une fois. C'était la faute de son sourire j'en étais sûr. Il me faisait faire des trucs complètement fous et insensés, sans que je ne puisse rien y faire. Oui voilà, c'était la faute de ce sourire, cela ne faisait aucun doute. Et si j'avais j'en arrivais à faire une bourde de plus, je l'assignais en justice ce sourire. Parce que charmant à ce point là, cela aurait du être interdit depuis longtemps. Je souris à nouveau à ma jeune élève.

« Pour tout vous dire, je ne connais presque personne ici à par des élèves et des professeurs, tout ce qui tourne autour de l'université. Donc je comptais à l'origine passer la soirée seul en tête à tête avec la Cléopâtre d'Elizabeth Taylor ou la Sissi de Romy Schneider. »

J'adorais le cinéma, mais j'adorais en particulier les grandes presque historiques en costume, avant de grandes histoires d'amour, ou de grandes guerres sanglantes. Je trouvais cela magnifique et c'était aussi pour moi le rôle du cinéma : montrer aux gens quelque chose qu'ils ne peuvent pas ou plus voir.

« Mais après tout, pourquoi ne pas tout simplement passer la soirée avec Cécilia Manzoni de UCLA ? »

Je devenais trop entreprenant à mon goût, cela devenait complètement indécent.

just do it with love

« Croyez-le ou non, mais non, je ne pourrais pas rêver mieux ! » Cécilia se mit de nouveau à rougir. C'était tellement adorable .. Ils étaient là, tous les deux dans une salle de cinéma avec une lumière tamisée et des sièges vides. Ils étaient comme deux gamins passionnés, comme deux fans. Et ils parlaient de ce qu'ils aimaient. Cela aurait pu être totalement innocent .. mais non, il s'agissait d'un professeur et de son élève alors tout de suite, ça collait moins .. Une autre chose la faisait rougir, le professeur la vouvoyait et ça, c'était vraiment étrange .. Est ce que deux fans et surtout, est ce qu'un professeur vouvoie son élève, ouais, sûrement mais pour la jolie brune, c'était inconcevable. Ca la choquait. « Vous pouvez me tutoyez .. vous savez. Parce que, c'est assez .. étrange quand même. On ne doit pas avoir une si grande différence d'âge. » après tout, c'était un jeune professeur et elle était déjà en troisième année .. ça ne devrait faire que cinq ans de différence .. enfin, autour de ça quoi ! « Pour tout vous dire, je ne connais presque personne ici à par des élèves et des professeurs, tout ce qui tourne autour de l'université. Donc je comptais à l'origine passer la soirée seul en tête à tête avec la Cléopâtre d'Elizabeth Taylor ou la Sissi de Romy Schneider. » Mr. Davis racontait ce qu'il avait prévu de faire ce soir là, à la place de passer du temps avec la jolie brune. Elle fut surprise de se voir connaître les films dont il parlait. La jolie brune était fan de Romy Schneider : l'élégance et la beauté même selon elle. Alors le voir parler de ça, c'était comme un orgasme cinématographique. « Mais après tout, pourquoi ne pas tout simplement passer la soirée avec Cécilia Manzoni de UCLA ? » d'accord et bien là, pas de doute, c'était l'orgasme tout court. Du côté de Cécilia, les mecs, c'est bien, mais les mecs qui prennent des responsabilités et qui se donnent du mal pour faire ce qu'ils veulent, ça, c'est quelque chose. Et là, Cécilia rougissaient de plus belle. « Umh, je pense que je ne vaut pas par rapport à Romy .. » Cécilia imita le bonhomme pas content, telle une parfaite geek et se mit ensuite à rire. Ils étaient enfin à l'aise. Du moins, elle, elle l'était.

All you need is love.

Cécilia m'avait demandé de la tutoyer, vu qu'on devait pas avoir tant de différences d'âge finalement. Je savais d'or et déjà que j'allais avoir un peu de mal à le faire, j'avais en général des difficultés à passer du vouvoiement au tutoiement. Pour moi, tutoiement égal proximité, rapprochement. Proximité et rapprochement avec Cécilia ? C'était plus que risqué non ? Je préférais encore garder mes distances, afin d'éviter tout dérapage. Une erreur était vite arrivée, et dans mon cas, vu les conséquences, elle serait irréparable. Je parlais ensuite du programme de ma soirée à la jolie brune : sans doute un ou deux films seul dans mon canapé. Des trucs plutôt récents ou bien de vieux classiques qui ont bien vieilli. Quand je parlais de Romy Schneider, star parmi les star, je vis les yeux de Cécilia pétiller. Elle aussi semblait bien aimer la jolie actrice. C'était un point sur lequel nous pouvions nous entendre. Romy restait inoubliable dans le film "La Piscine", et je ne me lassais jamais de regarder ses films. Cécilia rougit ensuite que je parlais de passer la soirée à ses cotés. Oui, j'y étais sans doute aller un peu fort là, et je n'avais pas voulu la mettre mal à l'aise. Je baissais immédiatement la tête en souriant, un peu gêné.

« Umh, je pense que je ne vaux pas par rapport à Romy ... »

Elle fit une imitation très réussie du bonhomme pas content et je relevais la tête vers elle en riant. La discussion se déridait un peu, c'était beaucoup plus détendu que quelques minutes plus tôt et j'avais presque l'impression de la voir comme elle pouvait être avec ses amis à elle, c'est à dire sans barrière. Sauf qu'entre nous, il y avait une barrière. Une barrière énorme qui m'empêchait de faire quoi que ce soit. Et qui m'empêchait surtout de faire une énorme bêtise. Cécilia était belle, Cécilia était charmante, Cécilia était drôle mais Cécilia était mon élève. Je devais me mettre ça dans le crâne une bonne fois pour toute. Et même si ses lèvres m'attiraient inexorablement depuis qu'elle était entrée dans cette pièce, je devais faire comme si de rien n'était et rester le plus professionnel possible. Et puis de toute façon, qu'est-ce qu'elle pouvait bien avoir à faire avec un homme comme moi ? Rien, c'était sans aucun doute la réponse à ma question.

« C'est vous qui vous dévaloriser cette fois ! On ne vous a jamais dit que les hommes appréciaient les femmes qui s'assumaient et savaient se mettre en valeur ? »

Les hommes en général hein, pas moi en particulier, pas du tout, pas du tout. Et je parlais des femmes en général bien sûr, pas de Cécilia tout particulièrement. C'était un peu sorti tout seul à vrai dire, sans que j'ai énormément réfléchi. J'aurais du tourner sept fois ma langue dans ma bouche avant de parler tiens, cela aurait été préférable. Je me demandais bien ce qu'elle allait penser de moi désormais. Elle devait surement penser que j'étais un pauvre type, incapable d'intéresser à des filles de son âge et donc qui s'attaquait à la classe en dessous. C'était totalement faux d'ailleurs ! Ou plutôt je n'en savais rien. J'étais complètement minable.

« Je crois que l'inverse est vrai aussi non ? »

Malheureusement pour moi, je n'avais jamais réussi à mettre en avant mes qualités. Parfois, j'aimais à penser que cela m'avait couté une ou deux relations dans le passé, et peut-être même mon histoire avec Sarah. D'accord, elle m'avait trompé, mais pourquoi ? Sans doute parce que je n'étais pas assez sûr de moi et que je doutais souvent, très souvent. Je ne voyais que cette raison d'ailleurs, tout avait toujours marché comme sur des roulettes pendant nos trois ans ensemble.

« Malheureusement, je crois que je ne possède pas le talent de savoir de mettre en valeur aux yeux des autres », dis-je en souriant.

Comme d'habitude, je parlais un peu trop quand j'étais parti, et j'en disais un peu trop. La conversation devenait peut-être un peu trop personnelle, je n'en savais trop rien. Avec Cécilia, je me sentais bien, et je sentais que je pouvais parler librement, sans que cela soit compris de travers.

just do it with love

« C'est vous qui vous dévaloriser cette fois ! On ne vous a jamais dit que les hommes appréciaient les femmes qui s'assumaient et savaient se mettre en valeur ? » La tentative de tutoiement n'était pas passée apparemment. La jolie brune n'en était pas étonnée finalement. C'était même complètement logique : bon dieu, elle était son élève et elle n'avait pas le droit de lui demander de la tutoyer. Sur le coup, Cécilia se sentit rougir une nouvelle fois. Elle ne savait plus du tout ce qu'ils étaient en train de faire : c'était trop spécial, trop étonnant. Elle était complètement perdue d'être aussi bien à ses côtés alors qu'en fait, c'était tellement mauvais. Elle n'avait pas le droit. L'interdit excite ? Oui, mais là, ce n'était même pas ça .. Elle n'était pas excitée, elle était juste bien. Et ça faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas été aussi bien. Alors finalement, qu'il se dévalorise ou pas, il arrivait à la faire se sentir bien .. A quoi bon changer quelque chose. Elle rit de ce que le beau brun venait de soulever. En fait, elle n'en avait aucune idée de ce qu'aimait les femmes et les hommes. Elle savait ce qu'elle aimait elle et elle aimait quand même bien être plaquée contre le mur et ne pas devoir attendre pendant cinquante ans pour avoir un baiser. Mais là, on ne parlait pas de ça, c'était hors contexte. « Je crois que l'inverse est vrai aussi non ? » « Oui, je pense qu'on n'aime pas trop faire les premiers pas de nos jours. C'est pour cela que j'aime les vieux films, l'homme a toujours le cran de l'embrasser, sans hésiter. » Cécilia souriait, elle se remémorait les plus belles scènes d'amour, douce et calme. Mais en même temps brutal et sexy. Elle adorait ces moments dans les films. C'était toujours ce qui était le plus beau, le plus attrayant dans ce genre de film. Et elle était fière d'appuyer sur repeat quand elle voyait une de ces scène. « Malheureusement, je crois que je ne possède pas le talent de savoir me mettre en valeur aux yeux des autres. » Ce n'était pas évident du tout de se valoriser, surtout lorsqu'on fait de l'art alors il était tout pardonné.« Je crois qu'il n'y a que les gens prétentieux et vaniteux capable de se valoriser. Mais il y a une différence entre se valoriser et oser sans se dévaloriser. Il suffit de trouver un juste milieu en fait. » La jolie brune ne savait plus du tout pourquoi ils parlaient de ça mais elle savait qu'il ne fallait pas qu'elle le regarde, de peur d'oser l'embrasser ..

All you need is love.

Nous étions partis dans une drôle de discussion désormais. C'était un sujet loin d'être des plus passionnants, mais il me donnait une bonne raison de rester ici auprès de Cécilia. Ou en tout cas, ça ne lui donnait aucune raison de partir. Ca n'aurait pas été poli hein, de partir alors qu'elle était en pleine discussion, même inintéressante, avec son professeur ? Voilà, je n'avais pas envie qu'elle parte. Avait-elle envie de partir ? Je n'en savais rien. Mais j'avais nvie qu'elle reste près de moi le plus longtemps possible, quitte à épuiser tous les sujets pourris de conversation.

« Oui, je pense qu'on n'aime pas trop faire les premiers pas de nos jours. C'est pour cela que j'aime les vieux films, l'homme a toujours le cran de l'embrasser, sans hésiter. »

Je le pris un peu pour moi. En général, j'avais un peu de mal à faire le premier pas. Avec Sarah, c'était elle qui avait prit l'initiative de m'embrasser la toute première fois, et si elle ne l'avait pas fait, je n'étais pas sur que j'aurais réussi à le faire un jour. Enfin si peut-être un jour, mais pas avant d'être sûr qu'elle n'allait pas me repousser. J'avais toujours eu peur qu'on ne m'aime pas, qu'on me repousse. J'avais toujours eu besoin d'être aimé, entouré de ma famille et de mes amis. Alors est-ce que je devais faire le premier pas pour embrasser Cécilia ? Non, bien sûr que non, elle restait l'une de mes élèves et je devais absolument me contrôler et y résister. Même si son accent me faisait craquer, même si son sourire me donnait envie envie de l'embrasser. Je lui fis part de mon incapacité à me mettre en avant et à me valoriser aux yeux des autres. C'était quelque chose qui m'handicapait énormément, j'avais toujours eu la sensation d'être moins bon que les autres dans tous les domaines, et ce depuis tout petit.

« Je crois qu'il n'y a que les gens prétentieux et vaniteux capable de se valoriser. Mais il y a une différence entre se valoriser et oser sans se dévaloriser. Il suffit de trouver un juste milieu en fait. »

La jeune femme avait détourné le regard, alors que l'on avait à peu près réussi à se regarder dans les yeux depuis quelques instants. J'aurais voulu lui parler de ce que je ressentais, lui expliquer tout ce qui se bousculait dans ma tête à cet instant précis. Mais non, je l'aurais surement effrayé, c'était sûr et certain même. Imaginez un peu, votre professeur, vous convoquant seule dans une salle noire et sombre, et commençant à vous parler de sentiments ou de pulsions. Non, elle se serait sûrement sauvée en courant à pleine enjambées. Mais pourtant, j'en avais tellement envie ... Plus elle restait ici, plus on parlait, et plus j'avais envie de l'embrasser à vrai dire. Je détournais le regard à mon tour, un peu gêné.

« Et sinon, qu'est-ce que vous ... Enfin qu'est-ce que tu veux faire plus tard ? »

J'avais réussi à la tutoyer, enfin c'était sans doute pas un grand exploit pour elle, mais pour moi c'était déjà beaucoup. C'était plutôt étrange de poster cette question à une jeune femme de presque mon âge. C'était la question qu'on posait à tous les enfants ou adolescents, ce qu'il voulait faire de leur vie. Mais en fait, j'en savais peu sur Cécilia. Sorti de ce cours de cinéma, je ne savais absolument rien d'elle. Voulait-elle rester ici ou parcourir le monde ? Egoistement, j'aurais voulu qu'elle reste ici, même si je savais qu'il ne se passerait rien entre nous. La jeune femme répondit à ma question. Bon a priori, elle n'avait pas décidé de partir faire un trek en Malaisie du Sud-Est, ou partir aider les petits Zimbabwéens, donc j'étais un peu sauvé de ce coté là. Mais bon, je me faisais des illusions, je devais complètement arrêter ça. Je luis souris.

« Et comment est-ce que tu te vois dans disons ... Dans disons trois ans, quand tu auras terminé tes études ? »

Sous-entendu quand elle serait sortie de l'université et qu'elle pourrait sortir avec absolument qui elle voulait. Non pas que je m'attendais à ce qu'elle veuille m'épouser sur le champ et me faire des enfants, mais j'avais le droit de me poser la question après tout.

just do it with love

« Et sinon, qu'est-ce que vous ... Enfin qu'est-ce que tu veux faire plus tard ? » Cécilia avait toujours su répondre à cette question .. jusqu'à l'année dernière. Elle était sûre de ce qu'elle voulait faire et ça depuis qu'elle a su se servir d'un ordinateur. Elle voulait travailler chez Google et créer des choses. Elle le voulait et l'avait toujours voulu. Mais depuis cette année, avec ses études et ses passions qui changent, elle ne savait plus où donner de la tête. Du coup, sa réponse n'était plus si évidente. « Je n'en ai aucune idée .. pour l'instant. Je suis très douée en informatique, et je sais aussi que je pourrais faire une bonne scénariste .. Alors je suis partagée. J'ai envie de faire quelque chose qui me plait, quoi qu'il arrive. Mais c'est pas toujours évident de trouver sa voie. » C'était la seule chose qu'elle pouvait répondre et même si elle savait que si sa mère l'entendait, elle la tuerai de ne plus avoir cette idée fixe et cette passion qu'elle avait pour ce qu'elle voulait faire. C'était de la folie de changer d'idée à ce point, et de ne plus du tout savoir quoi faire alors que l'informatique a toujours été sa passion. « Et comment est-ce que tu te vois dans disons ... Dans disons trois ans, quand tu auras terminé tes études ? » Cécilia regarda son professeur avec des grands yeux, elle n'en avait aucune idée. Son premier reflexe a été de hausser les épaules et de regarder en l'air comme si elle cherchait une réponse. En vain. « Je .. Je n'en ai aucune idée. Je me vois marier et avec des enfants dans 10 ans mais dans trois ans, je n'en sais rien. » Tout ce dont Cécilia était sure, c'était qu'elle voulait un avenir, un future et quelque chose de stable, qui ne s'efface pas au bout de quelques jours. Et surtout, la jolie brune a toujours eu de la passion dans ce qu'elle faisait et ça, elle ne veut pas le perdre. Jamais. « Et vous alors ? Quel a été votre rêve ? Et pourquoi enseigner ? Et puis, vous vous voyez comment dans trois ans ? » Cécilia avait complètement changé de tête, sans savoir pourquoi, elle était passée en mode "drague". Poser des questions de ce type n'était pas son genre mais c'était sortit tout seul et c'était bien trop tard alors pas la peine d'en être gênée .. Cécilia se força à ne pas rougir et sourit à son professeur, qu'elle trouvait de plus en plus charmant.

Cécilia n'avait jamais eu de chance en amour, soit c'était un bel idiot avec qui elle restait parce qu'il était dans l'équipe de soccer et qu'il était grand et beau. Ou alors, c'était un mec avec un peu trop d'ambition et qui se la jouait un peu trop Dom Juan. Bref, la jolie brune n'avait jamais eu de chance et du coup, elle ne comptait plus trop sur l'amour pour se sentir bien. Elle préférait se concentrer sur ses études et passer du temps à trouver qui elle est, avant de s'abandonner à quelqu'un. Ce qui était le plus drôle, c'était qu'elle disait toujours ça avant de se lancer dans une relation, c'était comme le prévoir .. Mais cette fois, elle se l'était juré, ce ne serait rien de sérieux. Rien.

Cécilia était en face de son professeur, à discuter depuis maintenant un petit bout de temps. Ils parlaient de tout et de rien et là, c'était le moment de parler de ses rêves, de ce qu'ils avaient toujours voulu avoir. Cécilia avait déjà passé son tour, c'était à Mr Davis de dire ce qu'il en pensait. « Et bien ... Depuis tout petit, je rêve de devenir réalisateur de films ici, à Hollywood. Au début, je m'intéressais plutôt au scénario mais j'ai abandonné au vu de mes piètres talents d'écrivain » Modeste en plus. Cette phrase sortit de tous les films américains sans but, résonnait dans la tête de la jolie Cécilia et, c'était mal, mais elle le trouvait tellement sexy lorsqu'il se disait mauvais alors qu'il ne l'était pas du tout. Cécilia avait envie de l'embrasser dans le cou, et de remonter doucement jusqu'à sa bouche. Prise de peur qu'il se rende compte qu'elle regardait son cou, elle secoua la tête et répondit, calemement. « Ne soyez pas défaitiste, c'est inutile. On est bon parce qu'on pratique, et c'est ce que vous faîtes. Il faut juste être réaliste, et j'affirme que ce que vous faîtes, c'est très bien. C'est un début ! » Cécilia avait oublié la deuxième partie de sa question mais son professeur ne manqua pas d'y répondre tout de même. « Je ne compte pas enseigner toute ma vie à l'université. Même si j'aime beaucoup mes élèves ! Non, je profite de ce travail pour rencontrer du monde et faire carrière dans le cinéma. Et dans trois ans ... J'aimerais bien avoir rencontré la femme de ma vie et m'être installé avec elle. » Cécilia se mit à rire. C'était de bon plan pour quelqu'un comme lui et il ne devait pas avoir beaucoup de mal à trouver quelqu'un pour devenir Mme Davis. Cécilia se mit en tête pendant cinq micro secondes qu'elle se verrait bien à cette place mais .. c'était juste de la folie et elle se força à ne plus y penser alors que Mr Davis reprenait la parole. « Mais les histoires de votre vieux professeur ne vous intéresse sans doute pas vraiment. » Et bien, il avait bien tord. Déjà, Cécilia était intéressée pour elle même et puis, à UCLA, les potins, c'est un peu la base de l'école. Alors pas question d'éviter le sujet. « Oh non, au contraire, dîtes moi ! Je ne suis pas le genre de fille qui veut tout savoir mais on est toujours contente au fond de nous de connaître des histoires par ci par là. » Cécilia se remit à sourire et la pulsion de la mâchoire de son professeur la rendait toujours aussi folle. Elle se serait bien jeté sur lui si ça avait été possible. Mais bien sur, ce n'était pas du tout envisageable. « Je ne connais pas beaucoup de .. d'hommes qui pensent plus à avoir une femme qu'a faire la fête toute la nuit. Après; c'est ma génération .. à notre âge c'est normal. De mon côté, je crois que j'ai trop été déçue pour me dire que l'amour me sera favorable un jour. Mais malgré tout, j'y crois. » Il avait fallu qu'elle parle, pour justifier sa façon de divaguer complètement, fixant des parties du visage de son professeur, plus âgé qu'elle. Il fallait quand même le rappeler.